L’histoire du Pourquoi Pas
Navire d’exploration du Commandant Charcot, construit à Saint Malo sur les plans de l’architecte naval anglais Brown, le “Pourquoi Pas ?” fût lancé le 20 juillet 1908.
Ce trois-mâts barque de 445 tonneaux avait une mâture courte mais solide. Construit avec le meilleur bois de chêne, consolidé intérieurement et extérieurement par des armatures de fer et d’épaisses tôles zinguées, équipé d’ancres et de chaînes particulièrement robustes, il présentait une forme arrondie au niveau de l’étrave pour lui permettre de monter sur la glace et de la briser.
Les aménagements intérieurs étaient spacieux et parfaitement isolés pour les grands froids. L’état major siégeait dans la confortable partie centrale à côté de trois laboratoires et de l’infirmerie. Les appareils océanographiques se situaient sur le pont arrière.
Il était équipé de 2 chaudières (250 tonnes de charbon en soute) et d’un groupe électrogène.
Il embarquait également une vedette, un grand canot, un youyou, deux baleinières, deux norvégiennes, quatre doris et deux berthons.
Jean Baptiste Charcot fût l’âme de ce navire (1867-1936). Il rêvait depuis l’enfance de devenir marin, mais son père, célèbre neuro-pathologiste l’orienta vers la médecine où il excella.
Son attirance pour la mer demeurant, il acheta plusieurs yachts de tonnages croissants dont plusieurs baptisés “Pourquoi pas ?” (venant de sa devise personnelle : marin… pourquoi pas ?)
Après la mort de son père, il abandonna la médecine pour se consacrer aux explorations et à la recherche scientifique et géographique. De 1908 à 1910, il sillonna l’Antarctique, puis de 1912 à 1914 il navigua aux Hébrides, aux Féroé et à Jan Mayen. Pendant la guerre, il travailla à l’utilisation des bateaux-pièges dans le cadre de lutte anti sous-marine. Puis de 1920 à 1936, il appareilla chaque année pour des croisières scientifiques en Atlantique nord et Antarctique jusqu’au 16 septembre 1936 où dans une forte tempête, le “Pourquoi pas ?” coule à deux milles de la côte Islandaise. Parmi les 41 hommes présents à bord, seul le maître timonier Gonidrec, jeté à la mer au moment où il allait mettre à l’eau le grand canot, pourra grâce à une planche parvenir jusqu’au rivage ou un jeune islandais le sauvera. Vingt trois corps seront retrouvés dont celui du commandant Charcot.